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Semaine de quatre jours, télétravail… Les effets pervers du travail flexible

Le télétravail, un épiphénomène avant 2020, a explosé ces deux dernières années. Certaines entreprises ont même abandonné tout ou partie de leurs locaux pour privilégier le travail flexible. Mais ces décisions ne vont pas sans quelques conséquences désagréables. 

Qu’est-ce que le travail flexible ?

Le travail flexible englobe plusieurs outils destinés à offrir plus de souplesse aux employés, en faisant évoluer leurs conditions de travail. Grâce aux nouvelles technologies de communication, il est en effet possible de travailler de presque n’importe où, à condition d’avoir un ordinateur assez puissant et d’une bonne connexion Internet. 

Les objectifs du travail flexible consistent principalement à : 

  • Favoriser l’équilibre entre travail et vie personnelle des équipes
  • Obtenir plus de productivité
  • Réduire l’absentéisme et le turn-over
  • Diminuer les coûts liés aux locaux fixes (entretien, matériel, location…)
  • Attirer de nouveaux talents, en particulier des jeunes, très sensibles à ces nouvelles conditions de travail. 

Rendre une profession plus flexible, c’est aussi permettre à l’employé d’avoir plus de contrôle sur son temps de travail. Par exemple, certaines entreprises testent la mensualisation ou l’annualisation du travail : c’est-à-dire que l’employé doit fournir un certain nombre d’heures sur une période, mais peut les répartir à sa guise, sur trois jours de la semaine ou six mois de l’année. Les horaires peuvent bénéficier de la même souplesse, avec une journée travaillée de 7h à 16h, une pause déjeuner décalée ou plus longue… 

Le télétravail est une des méthodes de travail flexible les plus connues, d’abord parce qu’elle permet d’avoir des collaborateurs à l’international sans assumer de frais de déplacement, mais aussi parce qu’elle offre la possibilité d’opter pour des bureaux réduits, occupés à tour de rôle par les équipes, au gré de leurs besoins. 

Sur le papier, de nombreux bienfaits…

Le travail flexible a ceci d’intéressant qu’il peut, en théorie, bénéficier à la fois aux entreprises et aux travailleurs. Aux premières, il permet de réduire considérablement les coûts liés aux locaux. Bureaux équipés, location d’espaces de travail, frais de transport et d’hébergement en cas de déplacement professionnel… Lorsque les travailleurs gèrent eux-mêmes leur emploi du temps, toutes ces dépenses peuvent considérablement s’alléger et la gestion des locaux se simplifie. Dans certaines structures, les employés n’ont qu’à réserver un bureau 48 heures à l’avance, un peu comme dans un coworking. 

Pour les travailleurs, les avantages peuvent aussi être au rendez-vous. La flexibilité des horaires et du temps de travail permet, par exemple, de s’occuper plus facilement d’un enfant en bas âge ou encore de concrétiser certains projets personnels. L’annualisation autorise les salariés qui le souhaitent à prendre toutes les vacances scolaires, dès lors que leur temps de travail sur l’année est accompli. Le télétravail limite les déplacements et le temps “perdu” dans les transports. Sous réserve d’un espace adapté, les travailleurs peuvent aussi profiter d’un environnement plus calme et propice à la concentration. Enfin, le temps passé en réunion s’est considérablement réduit avec le travail à distance, ce qui permet plus de productivité. 

Les aficionados du travail flexible évoquent enfin l’amélioration du bien-être des équipes : moins de stress, plus d’autonomie, bref, des ingrédients essentiels au bonheur au travail. 

… Mais des effets secondaires difficiles à vivre

Cependant, ce mode de travail pas si neuf – on parle de travail flexible depuis le début des années 2000 – ne va pas sans quelques effets pervers qui doivent être connus et discutés en interne. Pour la hiérarchie, manager une équipe à distance peut représenter un vrai casse-tête. Avec le droit à la déconnexion, l’employeur a l’obligation d’assurer des temps sans travail à ses équipes et donc de ne pas les solliciter en-dehors de ces moments-là. Mais avec le télétravail, tout se brouille ! Quand les collaborateurs ont-ils fini leur journée ? Et s’ils sont en congés pendant un mois ou plus ? Et s’ils décident de télétravailler depuis une autre ville ou depuis l’étranger ? Bref, comment contrôler leur travail à distance sans violer leur intimité et en assurant leurs droits ? Autant de questions sur lesquelles il est difficile d’obtenir des réponses toutes faites. Manager à distance en restant dans le cadre de la loi s’annonce difficile, et même les acteurs qui se lancent dans cette aventure ne s’y risquent qu’à titre d’essai, prêts à rebrousser chemin si cela devenait nécessaire. 

Et pour les travailleurs ? Le bilan est encore moins rose. Après des mois de télétravail imposé, une chose paraît claire : le travail flexible peut être un formidable accélérateur d’inégalités. Si la solution peut être séduisante pour les cadres privilégiés, disposant d’un véritable espace de travail, de solutions de garde pour les enfants, cela peut tourner au cauchemar pour d’autres catégories de travailleurs comme les professions intermédiaires, les mères célibataires, les jeunes en début de carrière… 

Travailler depuis son domicile, cela nécessite de disposer d’un espace adapté. Les structures qui proposent le télétravail régulier se doivent de fournir un équipement de bureau à leurs équipes, pour des raisons de santé au travail. Difficile à mettre en place quand on vit dans 20 m² ou dans une maison partagée ! A cela s’ajoute la distance avec les collègues et les managers, qui peut renforcer l’isolement des travailleurs. 

Enfin, plus de flexibilité au travail n’implique pas forcément plus de bien-être pour les équipes. Gérer seul son temps de travail peut être éprouvant : difficile de décider soi-même de la priorité de ses tâches et de prévoir le temps à passer sur chacune ! 

Les professionnels de santé ont, dès 2020, tiré la sonnette d’alarme. Face à la difficulté de déconnecter du travail quand son lieu de vie est devenu son bureau, de nombreux salariés perdent pied et expérimentent fatigue, isolement, dépression ou burn-out. Si le télétravail a dû s’imposer pour des raisons sanitaires en 2020 et 2021, nul doute que le modèle du travail flexible tel qu’il existe actuellement n’est pas voué à se pérenniser.

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