Faire plusieurs pharmacies avant de trouver son traitement, être forcé de revoir la posologie parce qu’un médicament est en rupture… Les pénuries en pharmacie se sont aggravées ces dernières années. Quelles mesures ont été mises en place pour y faire face ?
Une crise qui dure
Cela fait maintenant quelques années que la situation des stocks pharmaceutiques se dégrade. Un tiers des Français a déjà été confronté à des pénuries de médicaments en 2022. 45% d’entre eux ont dû reporter, modifier, voire renoncer à leur traitement (France Assos Santé). La crise sanitaire a cristallisé ces tensions : certaines molécules incontournables comme le paracétamol se sont retrouvées en rupture depuis 2020. D’après le GERS, 12,5% des médicaments étaient en rupture en août 2022, contre 6,5% en janvier de la même année. Le nombre de références en tension a doublé entre 2018 et 2022 (ANSM).
Les médicaments les plus exposés aux risques de rupture sont :
- Les antidépresseurs comme le Deroxat ou le Tofranil
- La Ventoline
- Les corticoïdes
- La plupart des médicaments d’intérêt thérapeutique majeur : traitements contre le diabète, anti-cancéreux, anti-infectieux…
Ces tensions d’approvisionnement peuvent poser de graves difficultés aux patients, en particulier lorsque les traitements sont de première nécessité et ne doivent pas être interrompus.
Les causes : un contexte sanitaire et géopolitique tendu
La tension dans l’approvisionnement en médicaments n’est pas due qu’à une demande importante des patients pour faire face à la Covid-19. La crise sanitaire a engendré une baisse de la demande de certaines molécules comme l’amoxicilline, due à la réduction des déplacements internationaux pendant plusieurs mois. La production s’est donc ralentie, voire stoppée, ce qui explique aujourd’hui les difficultés d’approvisionnement alors que les besoins sont revenus à la normale.
Autre problème : certaines affections médicales comme le diabète de type 2 progressent chaque année et la production des laboratoires peine à suivre. La mondialisation de la production a rendu l’approvisionnement en molécules actives plus sensible aux crises locales. Le conflit en Ukraine a provoqué des pénuries en matériaux d’emballage. La crise sanitaire en Asie a forment impacté la production et l’acheminement des médicaments, alors que 80% des substances actives y sont fabriquées.
Les solutions mises en place par le gouvernement
Pour faire face aux différentes pénuries de médicaments, les pouvoirs publics ont mis en place plusieurs mesures. Tout d’abord, depuis juillet 2022, la vente de paracétamol est limitée à deux boîtes par patient. La quantité de médicaments délivrée peut être adaptée, en accord avec le patient, par exemple en réduisant le nombre de boîtes. L’ANSM a également invité les médecins à réduire les prescriptions d’antibiotiques et à limiter les traitements à cinq jours consécutifs.
Les pouvoirs publics ambitionnent de relocaliser partiellement en France la production de certaines molécules. Enfin, afin d’aider les professionnels de santé à adapter leurs prescriptions et les patients à organiser leurs achats en médicaments, l’ANSM a mis en place un moteur de recherche répertoriant les médicaments d’intérêt thérapeutique majeur et leur statut d’approvisionnement :
- Tension : impossible d’approvisionner une pharmacie en moins d’une semaine
- Rupture : impossible pour un patient d’obtenir son traitement en plus de 72 heures, mais des alternatives sont disponibles (génériques, autres formes…)
- Pénuries : le traitement et ses alternatives ne sont plus disponibles pour plus d’une semaine.