Le congé menstruel, un sujet qui divise

Pouvoir bénéficier d’un arrêt de travail en cas de règles douloureuses, c’est une avancée qu’a récemment mise en place le gouvernement espagnol. En France, dans les milieux professionnels comme féministes, le sujet peine à faire l’unanimité. 

Qu’est-ce que le congé menstruel ? 

Le congé menstruel, dans les pays où il est expérimenté, n’est pas forcément ouvert à toutes les femmes, sans conditions. Il est né en Asie à la fin des années 1940 : au Japon, une entreprise ne peut pas forcer une employée à travailler si elle souhaite poser un congé menstruel non rémunéré. Le nombre de jours n’est pas limité, mais seules 0,9% des travailleuses japonaises ont utilisé ce droit en 2020 (source : Ministère du Travail du Japon). 

Toujours en Asie, la Corée du Sud prévoit un congé menstruel d’un jour par mois. En 2018, près de 20% des travailleuses coréennes en ont bénéficié. L’Indonésie, Taïwan et la Zambie ont emboîté le pas et proposent aujourd’hui des congés menstruels de durée et de rémunération variables. 

Cette année, l’Espagne est devenu le premier pays européen à mettre en place un congé maladie spécifique en cas de règles douloureuses. Si aucun projet de loi similaire n’est prévu en France, les avis divergent déjà sur le bien-fondé d’une telle mesure. 

Une avancée pour les droits des femmes

Nombreuses sont les associations féministes et personnalités politiques qui militent pour la création d’un congé menstruel. Les règles peuvent en effet avoir un impact sérieux sur la qualité de vie et sur la vie professionnelle. 81% des femmes font état de désagréments psychologiques comme la fatigue, l’irritabilité ou un sentiment de mal-être. Près d’une femme sur deux souffre de règles douloureuses et 20% déclarent avoir des règles très douloureuses à invalidantes. Beaucoup déplorent le manque d’écoute et de prise en compte de leurs douleurs par le corps médical (source : sondage Ifop 2021). 

En effet, certaines affections comme le SOPK ou l’endométriose provoquent souvent des douleurs intenses et invalidantes qui rendent difficile la poursuite de l’activité professionnelle pendant les règles. Pour favoriser le bien-être au travail et l’inclusivité des femmes, des entreprises proposent déjà un congé en cas de règles douloureuses. 

Ces mesures visent à la fois à accueillir les femmes souffrant d’affections gynécologiques et à briser le tabou des règles, qui plane encore sur le monde du travail. Le congé menstruel est, pour ses défenseurs, un moyen de participer au dialogue social et de créer des espaces plus inclusifs en reconnaissant les besoins spécifiques à la santé des femmes. 

Un congé qui pourrait stigmatiser les femmes

Si 73% des 18-24 ans (sondage Yougov pour le HuffPost en 2019) sont favorables à la mise en place d’un congé menstruel, leurs aînés sont plus frileux sur la question. Pour certains spécialistes du droit du travail, ce dispositif risque de stigmatiser les femmes et de restreindre encore l’accès à l’emploi et aux postes à haute responsabilité. Des associations féministes pointent du doigt les nombreux freins à l’employabilité des femmes et estiment qu’une potentielle absence tous les mois pourrait porter préjudice à l’inclusion des femmes en entreprise. 

Plus ennuyeux, ce congé pourrait décourager les femmes à consulter un médecin et participer à normaliser les règles douloureuses. Le cycle menstruel ne devrait pas être invalidant et des douleurs pendant les règles sont signe de pathologies qui doivent être soignées. Pour la plupart des médecins, la solution n’est pas de moins travailler, mais de soigner et de poursuivre la recherche pour aider, soutenir et soulager les patientes. 

Pas de doute, la question du congé menstruel reviendra au cœur du débat public dans les années à venir. Mais pour l’heure, difficile de savoir s’il sera un jour inscrit dans le droit commun.

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